Un preux chevalier en capeline,
une sorcière manouche qui pose ses valises
dans les faubourgs de la Chaise-Dieu
et une joyeuse auberge ...
Alia
Alia était le nom d'une sorcière de bohème
venue en Livradois en roulotte à cheval.
Nous sommes en 1312, le ciel gronde au loin.
L'attelage rejoint le col de Malpertuis
avant la pluie qui s'annonce drue et glaciale.
Derrière les cimes ennuagées de grisaille
apparaît enfin la haute tour Clémentine.
C'est enfin la fin de ce trop long voyage!
pense-t-elle, le sourire aux lèvres.
À cette époque sombre du Moyen-Âge,
c'est le début de la sainte inquisition
et le brutal déclin de l'ordre du temple.
Ces templiers qui avaient battu la campagne
pour prêcher la bonne parole au fil de l'épée
s'en revenaient chez eux, piteux et ruinés.
Capeline à croix de malte et fleur de Lys.
Alia prit refuge à l'Abbaye de la Chaise-Dieu
pour passer les neiges jusqu'au printemps.
Souvent, à nuit tombante elle va à la taverne
où elle se plaît à raconter mille histoires
de gnômes, de lutins, de fées et farfadets.
Parfois, au coin d'une table aux timbales pleines
elle dit bonne aventure et lit dans les mains.
Personne ne cherchera à savoir d'où elle vient.
Et l'hiver passe au chaud des grandes cheminées.
Elle vit là, près du bourg, avec les villageois.
Sa roulotte rangée sous le porche du couvent,
sa jument à l'écurie avec foin et fourrage.
Voilà la fête native, bercée par la cithare
aux vins de l'été, aux tourtes et bonnes pognes.
Elle se prend de passion pour ce jeune templier
qui loge à " Casadeï " en ce mois de décembre.
Il sculptera cette baguette et la lui offrira
à son départ en exil, sur ordre de frère Drapier.
Alia, de son côté prendra la route de Brocéliande,
lointaine forêt habitée de druides et lutins.
La magie de cette branche est prédestinée
à raccourcir la distance, à traverser les airs,
à réduire le temps et enchanter les gens.
Mais pas que ...
Âme : plume " d'archange "
arcane sacrée.
Magnétite