Une île effacée des cartes du monde,
des archives retrouvées au Moyen-Âge
et le jour qui n'arrête pas de se lever.
Une histoire qui ne commence pas sur terre ...
Hélios
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Dieu soleil, mythe incontestable
toutes les civilisations l'ont vénéré.
La lune et les astres qui parsèment le ciel
fascinent l'imaginaire et façonnent l'âme.
À la nuit venue Gémeaux et poissons,
lions et capricornes dessinent au firmament
leurs traits invisibles et servent de boussole.
Maintenant reculons dans le passé
à la rencontre de maître Sibius Pasquat,
archiviste et maître de conférence
au musée de la confrérie des Gnômes.
Dans ses rares grimoires aux pages tannées
il est fait état, selon un manuscrit,
d'une nation disparue qui vivait au pôle Nord
et était à l'origine venue d'une autre planète.
Ici le calligraphe enlumine le chapitre
d'une fresque sépia illustrant le cosmos.
De retour sur terre les hyperboréens,
lassés de leur infinie promenade
à travers l'univers et le temps
foulèrent l'île nommée Hyperborée
pour y poser définitivement le pied.
De cette région inhabitée de la terre
ils en firent un paradis, une sorte d'Olympe ...
Leur science avancée changeait le climat,
chaud sur l'île comme à l'équateur
et glacial le long des plages sans sable.
Quand au matin sans fin le soleil apparaît,
au soir, il ne se couchera que dans six mois.
Aux premiers levers, des cérémonies ont lieu
tout au bout du sentier qui longe la falaise.
En contre-bas s'étend jusqu'à perte de vue
un océan de givre blanc, brillant, immaculé.
l'heure arrive, l'heure se fait attendre
une heure qui durera la moitié d'une semaine.
C'est dire si le temps n'a pas de prise ...
Dans le ciel polaire ce n'est ni la nuit ni le jour.
L'azur est traversé de lumières filandreuses
qui s'enroulent lentement en rideaux de vapeur.
Voilà le ballet des aurores Boréales.
Sous la houlette d'Abaris, roi de Borée,
dernier descendant des lointaines étoiles,
les hyperboréens vêtus de longues toges
viennent se joindre à la célébration.
Les bougies s'allument et les mains se lèvent.
Allongés dans l'herbe les yeux se ferment
et la nuit s'efface petit à petit dans le matin.
Abaris est debout au bout de la corniche
tenant à bout de bras une baguette de bois
qu'il pointe à l'horizon, au septentrion.
L'instrument est magique à n'en point douter.
Sculpté à l'effigie d'Hélios, poignée rouge,
le visage embrasé par deux lames de feu,
l'outil connaît chaque doigt de sa main.
Des litanies à peine murmurées
louangent à mille bouches le sacre du jour.
Voici le moment où la magie se révèle.
Peut-on autant frémir et mourir de frissons
qu'en écoutant chanter d'un millier d'anges ?...
En témoigne encore le grimoire de maître Sibius
qui de pages en pages nous révèle l'histoire.
Et quelle histoire !
Une langue de lumière blanche, aveuglante
venue des grandes profondeurs de glace
traverse la banquise et illumine la falaise.
Le soleil apparaît alors au fond de l'horizon
confirmant ainsi la prophétie d'Abadis.
Le moment de fêter la nouvelle équinoxe
est enfin venu et tous danseront
au rythme des tambourins
des lyres et des cithares.
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Âme : météorite.
Fer magnétique.