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Il était une fois une fée nommée Ficelle
fileuse de laine à Saint-Bonnet-le-Chastel.
Nous voilà parachutés au début du Moyen-Âge
au beau milieu d'une forêt immense et sans lisière ...

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Ficelle

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Ficelle est familière du peuple de l'étang.

Elfes et lutins lui font tantôt la causette
lorsqu'elle descend ici pour lancer l'hameçon.
Autrefois appelée la "mare chaude"
elle est devenue au fil des ans "l'étang de Marchaud".
Enclot d'une digue, il se niche au creux des collines
et trois minutes suffisent pour traverser à la brasse.
Telle l'image d'Épinal, Ficelle est blonde
cheveux bouclés en cacade jusqu'au reins
le visage rond, les yeux bleus presque blancs.
Nous somme le jour de l'an et il neige à gros flocons
sur la forêt de Berny et sur son capuchon.
Chaque année à date anniversaire
les fées se retrouvent au bord du petit lac
pour une soirée plutôt enchantée ...
La légende veut qu'en début de nuit, à l'heure chats gris
les branches des arbres qui entourent le plan d'eau
se transforment de fait en baguettes magiques.
Sur ce point toutes les fées sont d'accord :
Ces branchettes feront bonheur et bourse pleine
sous le manteau à la braderie des magiciens
ou bien s'ajouteront à leurs singulières collections.
Pour ne citer qu'elles, Follette, Pelote et Bobine
sont déjà arrivées sur les berges enneigées.
Puis viennent se joindre à ce curieux rendez-vous
un gros chat des montagnes, un couple de hulottes, 
des renards truffes au vent et une poignée de marmottes.
Derrière la cime des sapins la lune bleue, pleine, pâle
répand sur le rivage une atmosphère irréelle ...
Comme figée dans la trame du temps
on entend dans le lointain la cloche du village
qui tinte sept fois, c'est l'heure ...
L'étang est gelé, endormi sous la neige.
On dirait un miroir dépoli sur les bords
parsemé ci et là de cristaux scintillants.

Tout est bleuâtre baigné de crépuscule,
tout est silence, pureté et froid glacial.
Ficelle qui a l'oreille la plus fine
entend grincer le tilleul près de l'écluse.
En trois petits pas à cloche pieds de fée
elle sera la première à contempler l'ouvrage.
Une magie hors des normes convenues
puisque nulle main n'en est l'ouvrière.
À l'instant commence l'enchantement ...
L'arbre frissonne jusque dans ses racines.
Une des hautes branches dressées vers le ciel
craque et se fend, s'épointe et défait son écorce.
Les nervures du bois s'entortillent et s'entaillent
pour finir, et là demeure la fantaisie,
par façonner l'étonnant instrument ...
Puis elle se détache comme un fruit mûr,
tombe et s'enfonce dans la neige épaisse
juste aux pieds de Ficelle.
Puis c'est au tour de Bobine d'en ramasser une,
Pelote en cueillera deux sur le même marronnier
et Mélusine à arrivée en retard ne sera pas en reste.
Cela pose question :
À qui attribuer un tel prodige ?
Au sortilège immuable d'un druide gaulois ?
aux effets de manche d'une réalité défaillante ?
ou tout simplement au "talent" du tilleul ? ...
Quand l'ombre de la lune atteint l'autre rive
et que s'allument les torches et lanternes,
vient le moment grelottant de se dire au revoir
et de se donner rendez-vous l'an prochain,
même endroit, même heure ...

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Âme : Aile de papillon
Fer magnétique.

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